Encore un phénomène que la Corona-crise aura accentué : le fossé se creuse entre les séniors qui détiennent une grande partie des actifs privés, et les jeunes qui éprouvent des difficultés à épargner alors qu’ils vont devoir le faire pour préparer l’accès au logement d’abord, puis la retraite. En 2016, le patrimoine net médian des trentenaires est trois fois plus faible que celui des plus de 70 ans. Trente ans plus tôt, il était 1,5 fois plus … élevé (Source France Stratégie/Les Échos)
Alors comment faire, lorsqu’on est un jeune actif, pour se constituer un patrimoine, ou à défaut, en poser les bonnes bases ?
A la différence de leurs aînés, la stabilisation professionnelle et familiale intervient bien plus tardivement pour les jeunes : la durée des études est plus longue, l’âge moyen d’une femme à la naissance de son 1er enfant s’est également décalé, la mobilité géographique professionnelle est plus importante, etc. Ce sont des éléments dont il faut tenir compte. Il ne faut pas rigidifier une situation patrimoniale qui ne s’y prête pas, et malgré l’environnement de taux bas, ne pas nécessairement acheter à tout prix sa résidence principale lorsque l’on démarre dans la vie active. Le risque que cet investissement ne soit rapidement plus adapté à son environnement est trop grand.
La situation actuelle des jeunes actifs nécessite donc de la flexibilité. Cette dernière peut se matérialiser à plusieurs niveaux :
– détenir un compte courant et un livret de court terme dans une banque en ligne (moins de frais, plus d’agilité). Ne pas empiler les comptes de dépôts et/ou d’épargne de sécurité dans les banques traditionnelles.
– mettre en place une épargne programmée. Une fois l’épargne de sécurité constituée, il faut prendre date sur un contrat d’assurance vie.
Au-delà de l’attrait fiscal futur du contrat, les versements programmés permettent de se constituer une épargne en douceur, notamment car ces derniers sont modulables : montant, périodicité, suspension ponctuelle, etc … Ce qui permet de s’adapter à tout moment à la situation économique du jeune épargnant.
Oui, mais sous conditions. Dès que la situation financière est plus propice (augmentation de revenus ou de la capacité d’épargne), il faut envisager l’utilisation du crédit. Dans un univers de taux bas, c’est un levier de constitution de patrimoine incontournable. Afin de respecter les contraintes de souplesse et flexibilité précédemment évoquées, on s’orientera plutôt vers des placements dits « Sac à dos ». On peut notamment penser à l’acquisition de parts de SCPI à crédit. L’objectif étant de rembourser le crédit avec l’aide des revenus des parts (avec, de fait, un effort d’épargne limité). L’intérêt des SCPI étant de disposer d’un actif plus facile à envisager qu’un bien immobilier classique : minimum d’investissement plus accessible, pas de contrainte de gestion immobilière, mutualisation du risque de vacance des loyers, etc. A plus long terme, c’est éventuellement la perspective de disposer d’un apport en capital pour financer un projet de résidence principale.
Une fois la situation personnelle stabilisée (géographique, professionnelle) ou permettant d’avoir une lecture de moyen terme, il convient d’envisager le financement de la résidence principale. Cette dernière demeure effectivement un socle important de la structure patrimoniale. Une fois le « grand saut » effectué, commence alors une course de vitesse. En effet, il faut rembourser le crédit le plus vite possible (notamment en cas d’héritage) afin de redéployer sa capacité d’endettement à destination de l’immobilier locatif, avant qu’il ne soit trop tard pour emprunter.
Flexibilité, agilité, capacité d’adaptation sont des qualificatifs qui siéent parfaitement aux nouvelles générations. A fortiori dans le contexte d’incertitude que nous connaissons actuellement. Alors mettre en œuvre des orientations de gestion patrimoniale en accord avec ces qualificatifs ne relève sans doute finalement que d’une forme de darwinisme.